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Milieux artificiels

L’artificialisation revêt plusieurs définitions. Pour l’Observatoire national de l’artificialisation des sols, c’est « la transformation d’un sol naturel, agricole ou forestier, par des opérations d’aménagement pouvant entraîner une imperméabilisation partielle ou totale… ». Au sens large, les espaces artificiels recouvrent ainsi les zones urbaines et périurbaines, les infrastructures de transport, les sites d’extraction (carrières notamment), les sites industriels, les décharges et les chantiers.

Les milieux artificiels sont globalement peu propices à la biodiversité du fait de la forte concentration de perturbations d’origine humaine. Les espaces végétalisés ont une surface relativement réduite et sont le plus souvent déconnectés entre eux. Les constructions constituent des obstacles infranchissables pour les espèces peu mobiles. Le fonctionnement biologique des individus est altéré par la pollution (particules, dioxyde d’azote…), les éclairages artificiels, le bruit, le piétinement… Sur les infrastructures de transport, les collisions engendrent une mortalité importante, notamment pour la Chouette effraie et le Hérisson d’Europe. Les activités liées aux travaux et à l’extraction de matériaux dégradent profondément les sols, perturbent les écoulements, détruisent la flore et entraînent la disparition d’habitats.

Néanmoins, la diversité biologique des espaces artificiels dépend de leur aménagement et de leur gestion. Ainsi l’aménagement d’une trame verte, bleue, noire et brune, facilite les déplacements des animaux et la dispersion des plantes, en créant des continuités entre les différents types d’habitats. Certaines pratiques de végétalisation et d’entretien sont plus favorables à la biodiversité (gestion différenciée, recours à des semences indigènes, mise en place de zones de quiétude…). Ces dernières années, les collectivités et les entreprises ont accru les démarches visant à intégrer la biodiversité dans la conception et la réalisation des aménagements, ainsi qu’en phase d’exploitation, voire de réhabilitation post-exploitation (dans le secteur des carrières par exemple).

Où en Nouvelle-Aquitaine ?

La région comporte 10 grands espaces urbains : la métropole bordelaise, 7 communautés d’agglomération et 2 communautés urbaines de plus de 100 000 habitants en 2016 (Bayonne, La Rochelle, Pau, Niort, Brive-la-Gaillarde, Angoulême, Périgueux, Limoges, Poitiers) (INSEE).

Sur le littoral atlantique, 3 zones portuaires majeures (La Rochelle, Bordeaux, Bayonne) accueillent de nombreuses espèces aquatiques dans les bassins et autres plans d’eau artificiels.

Le territoire néo-aquitain est structuré par des grands axes de transport et de circulation, notamment la ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique et les autoroutes A10, A62 et A63.

Près de 500 carrières actives et 10600 anciennes carrières sont disséminées sur le territoire régional (BRGM, 2018).

Habitats et espèces

Au sein des espaces artificiels, les habitats potentiels sont très divers, malgré une richesse biologique aussi très variable: habitats naturels relictuels et préservés (ripisylve, boisement ancien…), jardins, terrasses, potagers et espaces verts publics (parcs, cimetières, cours d’école, arbres d’alignement, parterres…), plans d’eau, friches urbaines, industrielles et commerciales et habitats liés au bâti (toitures, murs, trottoirs, remblais…). Les « dépendances vertes » des infrastructures de transport constituent des sites de reproduction (amphibiens dans les bassins de rétention), des terrains de chasse (rapaces sur les talus autoroutiers) ou des corridors de déplacement et de dispersion (bords de voies ferrées). Au sein des carrières, les activités liées à l’exploitation détruisent des habitats, mais paradoxalement en façonnent également. Certaines carrières en exploitation accueillent des espèces patrimoniales: Faucon pèlerin et Hirondelle de rivage dans les fronts de taille, Traquet motteux sur les tas de pierre ou encore Crapaud calamite dans les bassins de décantation (Groupe ornithologique des Deux-Sèvres; UNICEM).

Par ailleurs, les aménagements pour la faune peuvent constituer des abris de substitution (nichoirs, hôtels à insectes…) pour les espèces affectées par la disparition ou la dégradation de leur habitat naturel, leur procurer des ressources complémentaires (abreuvoirs, mangeoires), ou encore leur permettre de traverser des infrastructures de transport (passages à faune).

En raison des contraintes associées aux milieux artificiels, beaucoup d’espèces rencontrées en ville ou dans les sites industriels et tertiaires sont des espèces communes et généralistes, qui peuvent s’adapter à une large gamme de conditions écologiques et utiliser des ressources variées. Les flux de personnes et de marchandises sont aussi particulièrement favorables aux espèces exotiques : animaux domestiques, plantes ornementales, espèces introduites de façon involontaire… Certaines de ces espèces « se naturalisent », comme l’Argus des Pélargoniums, un papillon de jour originaire d’Afrique du Sud qui a colonisé les balconnières et les jardins de la région. Quelques espèces exotiques peuvent avoir un caractère envahissant, lié à leur forte capacité de colonisation. Leur développement peut alors porter préjudice à d’autres espèces moins compétitrices, ce qui peut affaiblir la diversité de certains espaces.

 


De nombreux programmes de sciences participatives, recensés sur la plateforme OPEN, permettent à tous de découvrir la biodiversité des rues et des espaces verts, à côté de chez soi, au bureau et à l’école. Les observations réalisées dans le cadre de ces programmes contribuent à des travaux de recherche, tout en se reconnectant à la nature!


 

Carte Milieux artificiels Nouvelle Aquitaine