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Le projet Vigie-Lacs


Le projet de recherche Vigie-Lacs vise à acquérir des connaissances scientifiques indispensables à la préservation de plantes aquatiques des lacs et étangs du littoral aquitain, qui sont fortement menacées par le changement climatique, l’artificialisation des biotopes aquatiques et les espèces exotiques envahissantes.

Les suivis des températures, des paramètres physico-chimiques et des végétaux aquatiques  vont permettre de mieux connaître et comprendre les dynamiques écologiques et fonctionnelles de ces écosystèmes spécifiques, et in fine éclairer les prises de décisions en terme de gestion  des plans d’eau.

Vigie-Lacs s’inscrit dans une démarche globale d’acquisition de connaissances scientifiques sur le fonctionnement écologique et la gestion des plans d’eau en Nouvelle-Aquitaine. Cette volonté a été rappelée lors de journées techniques organisées par l’Agence de l’Eau Adour-Garonne en 2018 et dans le cahier thématique « Plans d’eau » d’Acclimaterra.

 

Connaître les lacs aquitains, pourquoi ? Pour quoi faire ?

Les lacs et étangs naturels du littoral aquitain, au même titre que tous les plans d’eau peu profonds, fournissent de nombreux services écosystémiques :

  • Production primaire, cycle et rétention des nutriments, séquestration du carbone
  • Régulation de l’hydrologie (des inondations)
  • Support d’une intense activité touristique
  • Centre de nombreuses activités récréatives…

Les caractéristiques géomorphologiques de ces plans d’eau et la diversité biologique remarquable qu’ils abritent, en font des éléments importants du patrimoine naturel régional. Ils s’apparentent aux lacs peu profonds oligotrophes, faiblement carbonatés et peu alcalins, présents quasi exclusivement dans le nord de l’Europe comme en Estonie, au Danemark ou en Lettonie. Leur valeur écologique et patrimoniale dépasse donc les frontières régionales et nationales.

Les communautés de plantes aquatiques des lacs et étangs du littoral aquitain présentent des spécificités directement liées à la nature géologique des bassins versants et à la qualité de leurs eaux. De nombreuses espèces rares, protégées, voire endémiques aux plans d’eau aquitains, font partie du patrimoine naturel national. Mais ces milieux lacustres et végétaux aquatiques qu’ils abritent subissent de nombreuses menaces :

  • Accélération de l’eutrophisation
  • Introduction d’espèces exotiques envahissantes
  • Intensification des usages anthropiques sur les zones littorales et les bassins versants
  • Réchauffement climatique et modification du régime des vents
  • Artificialisation et altérations physique des rives

Le déclin régulier depuis 40 ans de certaines communautés a ainsi été démontré, notamment celui des isoétides  patrimoniales, ainsi que l’augmentation relativement rapide de certaines espèces exotiques envahissantes, en particulier celles qui colonisent les zones profondes des lacs. De plus, l’impact de l’occupation du sol sur le bassin versant et des altérations anthropiques de l’hydromorphologie des rives a été identifié sur la composition spécifique des communautés végétales aquatiques de ces plans d’eau.

Ces pressions ont déjà causé la disparition progressive sur certains des lacs d’espèces emblématiques telles la Lobélie de Dortmann (Lobelia dortmanna), l’Isoète de Bory (Isoetes boryana). L’Aldrovandie à vessie (Aldrovanda vesiculosa) est considérée comme disparue.

Afin de préserver ces milieux ainsi que les services écosystémiques qu’ils rendent, il est donc essentiel d’intensifier les recherches afin d’améliorer l’état des connaissances qui ne permet pas actuellement de caractériser, ou que partiellement, les effets des changements globaux qui s’expriment dans les plans d’eau aquitains sur les moyen et long termes. Pour cela le projet Vigie-Lacs propose  notamment de :

  • Suivre sur le long terme les dynamiques des variables environnementales pertinentes et des peuplements de végétaux aquatiques, y compris les espèces exotiques envahissantes, de manière à identifier les changements dans les trajectoires écologiques des plans d’eau du littoral aquitain.
  • Conserver les espèces patrimoniales et les biotopes aquatiques et évaluer l’efficacité des opérations de restauration écologique en cours.
  • Afin d’anticiper les effets des changements globaux sur la biodiversité végétale, les biotopes aquatiques et le fonctionnement biogéochimique des lacs.

La bancarisation et la diffusion des données et des résultats au plus grand nombre font partie des objectifs de ce projet, notamment vers les gestionnaires et élus, qui pourront s’appuyer dessus pour leurs prises de décisions et actions futures.

 

Un projet partenarial

Des équipes pluridisciplinaires pour un projet ambitieux

Ce projet pluridisciplinaire fait appel à plusieurs domaines scientifiques complémentaires, tels que l’écologie des communautés, l’écologie des espèces, la biogéochimie, les biostatistiques, la génétique ou encore l’hydrogéologie. Il rassemble des chercheurs de l’unité de recherche EABX d’INRAE Nouvelle-Aquitaine Bordeaux, de l’UMR BIOGECO et de l’UMR EPOC.

Contacts :
Vincent BERTRIN (EABX INRAE)
Aurélien JAMONEAU (EABX INRAE)

Un projet complémentaire aux actions menées actuellement

Vigie-Lacs s’appuie sur les démarches et autres travaux menés par les gestionnaires locaux, ainsi que sur la démarche engagée par l’Agence de l’Eau Adour-Garonne pour élaborer une gouvernance de gestion de l’eau et des milieux aquatiques à l’échelle des plans d’eau douce de la façade atlantique aquitaine.

Vigie-Lacs est également complémentaire aux projets actuels tels :

  • la cartographie des habitats naturels par télédétection (projet à maîtrise d’ouvrage DREAL)
  • le projet LIFE « Changement climatique, eau, gouvernance et information » porté localement par le SMBVLB
  • le projet de restauration des zones humides des têtes de bassin (projet REZIN financé par l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, le Département de la Gironde et le SIAEBVELG)
  • le projet de suivi des restaurations hydromorphologiques des rives lacustres, porté et financé par le SIAEBVELG.

 

Enfin, Vigie-Lacs s’inscrit dans les objectifs de conservation des biotopes lacustres et des communautés végétales qui les colonisent :

Financement du projet

Le projet est prévu sur une durée de trois ans, en cofinancement avec l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, la Région Nouvelle-Aquitaine, la DREAL Nouvelle-Aquitaine, l’INRAE, le métaprogramme BIOSEFAIR et l’UMR EPOC.

État d’avancement & Résultats

Le projet a débuté au printemps 2022 par un inventaire de la végétation aquatique du lac de Carcans-Hourtin, ainsi que par des prélèvements de plantes dans plusieurs plans d’eau pour des analyses génétiques. Il se poursuit en 2023 sur les autres lacs, en commençant par Lacanau.
Des sondes autonomes pour la mesure à haute fréquence de la température et de l’oxygène dissous dans l’eau ont été positionnées à différentes profondeurs dans les grands lacs aquitains.

Les premiers résultats sont prévus en 2024 (Conditions d’accès : INRAE – EABX et diffusion sur cette page).

Tout au long du projet, l’équipe participe à différents séminaires, colloques, réunions au cours desquels les travaux sont présentés.