Milieux d’altitude
La région Nouvelle-Aquitaine comprend deux zones de relief très différentes, la Montagne limousine et le massif pyrénéen, sous l’influence d’un climat océanique altéré par l’altitude. Ces ensembles constituent des mosaïques de milieux hautement originaux, très variés et faiblement anthropisés dans l’ensemble, même si dans certains secteurs, les aménagements hydrauliques et touristiques, la hausse de la fréquentation et une mauvaise gestion des espaces et des activités (agriculture et élevage, sylviculture, chasse, pêche, cueillette, VTT…) peuvent avoir des impacts négatifs.
L’altitude est un facteur déterminant dans la répartition des milieux de montagne. Des plaines aux sommets, les étages de végétation se succèdent sous l’effet de la variation des conditions climatiques (diminution de la température, augmentation de la durée d’enneigement dans l’année…). On distingue:
- l’étage collinéen dominé par les forêts de chênes et de châtaigniers (en-dessous de 900 m d’altitude)
- l’étage montagnard des hêtres, sapins et pins sylvestres (900-1 600 m)
- l’étage subalpin des pins à crochets et des landes (1 600-2 300 m)
- l’étage alpin, où les arbres ne peuvent plus se développer à l’exception du Saule nain (2 300-2 700 m)
- l’étage nival, où les conditions d’enneigement, de gel, de pente et de vent ne permettent qu’à des végétations pionnières et adaptées à ces contraintes particulières de s’installer: mousses, lichens, plantes « en coussinet »…
Au-delà de cette organisation générale, une mosaïque de milieux se forme et évolue en fonction de l’exposition du versant au soleil et au vent, de la topographie locale, du sol, du sous-sol et des activités humaines passées et présentes (défrichements et plantations d’arbres, mise en pâture…).
Où en Nouvelle-Aquitaine ?
La Montagne limousine constitue une zone de plateaux principalement granitiques sur les contreforts nord-ouest du Massif Central, à cheval sur les trois départements limousins. Cette zone recouvre l’est du plateau de Millevaches, les plateaux des Monédières, de Gentioux, d’Eygurande et de la Courtine.
La chaîne des Pyrénées se situe dans le prolongement des Monts cantabriques en Espagne. En Nouvelle-Aquitaine, les montagnes occupent environ 2600 km² dans le département des Pyrénées-Atlantiques, soit 35% du département. Plusieurs massifs se succèdent d’ouest en est (montagnes basques du Labourd, de la Basse-Navarre, de la Soule et du Béarn) et les grandes vallées d’Aspe et d’Ossau.
Habitats et espèces
La Montagne limousine et les Pyrénées néo-aquitaines sont constituées d’habitats très divers (forêts, landes, pelouses, zones humides, lacs…), dont des habitats spécifiques ou majoritairement présents dans ces secteurs: hêtraies d’altitude, éboulis et chaos rocheux, vires et parois, ravins basques, couloirs d’avalanche, combes à neige, sources, lacs glaciaires, tourbières du plateau de Millevaches… Les habitats naturels de la Montagne limousine et des Pyrénées sont en partie inventoriés dans le catalogue des végétations du Parc naturel régional de Millevaches en Limousin et le catalogue des végétations des Pyrénées, établi pour ce dernier dans le cadre du programme FLORAPYR mené en lien avec l’Observatoire pyrénéen du changement climatique.
Les hauts-plateaux limousins et le massif pyrénéen hébergent de nombreuses espèces et sous-espèces endémiques, ce qui s’explique par l’isolement des massifs et les variations climatiques au cours de l’histoire. Dans le massif pyrénéo-cantabrique, 160 espèces végétales endémiques ont été recensées, parmi lesquelles l’Iris des Pyrénées, le Lis des Pyrénées et l’Androsace ciliée (Parc national des Pyrénées). La région concentre la majeure partie des populations des espèces endémiques suivantes: Grémil de Gaston, Erodium de Manescaut, Oeillet à fleurs géminées, Gesse de Vivant, Aspérule capillaire, Cirse de Carniole roux, Androsace hérissée.
Concernant la faune endémique des Pyrénées, peuvent être cités le Pic à dos blanc (sous-espèce Dendrocopos leucotos lilfordi), la Perdrix grise des Pyrénées (sous-espèce Perdix perdix hispaniensis), le Grand tétras (sous-espèce Tetrao urogallus aquitanicus), la Vipère de Séoane, l’Hélice des Pyrénées (escargot), la Miramelle pyrénéenne (criquet), le Calotriton des Pyrénées, la Grenouille des Pyrénées et le Desman des Pyrénées, associés pour ces derniers aux milieux aquatiques et humides. La Montagne limousine accueille le Carabe de Thébaud (sous-espèce Carabus arvensis thebaudi) et le Carabe d’Ispagnac, endémique du sud du Massif central.
La Montagne limousine et les Pyrénées néo-aquitaines concentrent des enjeux de conservation à l’échelle de la région et au-delà. On y rencontre des espèces emblématiques comme l’Aster des Pyrénées, le Gypaète barbu, le Chat forestier ou encore l’Ours brun (le massif pyrénéo-cantabrique héberge les dernières populations du sud de l’Europe).
Outre ces espèces patrimoniales (rares, protégées et menacées pour la plupart), la diversité d’habitats naturels dans les massifs de la région est très favorable à de nombreuses espèces, notamment des insectes pollinisateurs dont certains vivent à très haute altitude. Dans les Pyrénées, 30 espèces de bourdons sont présentes sur les 48 espèces françaises. Certains de ces bourdons, répartis sur les hauts sommets où ils trouvent des températures « froides », sont menacés par la hausse globale des températures car ils ne peuvent pas se déplacer plus en altitude (Sentinelles du climat).
Le Massif central et les Pyrénées constituent des zones majeures de cueillette de plantes à parfum, aromatiques et médicinales en France. Le Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées a réalisé une enquête ethnologique sur la cueillette de l’Arnica des montagnes, du Thé d’Aubrac et de la Gentiane jaune.
Zoom sur
Les tourbières du plateau de Millevaches
Le plateau de Millevaches est caractérisé par une forte densité de lacs, sources, mares, cours d’eau et tourbières, qui correspondent à des milieux saturés en eau, où les conditions ne permettent pas ou peu à la matière de se décomposer. Certaines tourbières comme celle de Longeyroux sont très anciennes (plus de 10 000 ans). On y trouve des plantes particulières (Linaigrette engainée, Bruyère à quatre angles, Droséra à feuilles rondes…) et une faune patrimoniale (libellules, Lézard vivipare…). Plusieurs de ces tourbières sont des sites d’intérêt communautaire (réseau Natura 2000). Véritables puits de carbone, elles pourraient devenir des sources d’émission de dioxyde de carbone dans l’atmosphère si le changement climatique s’accentue.
Les combes à neige des Pyrénées
Les combes à neige sont des habitats naturels généralement situés entre 2 000 et 3 000 m d’altitude, caractérisés par une période d’enneigement de 8 à 10 mois dans l’année, ce qui s’explique par la forme du relief (dépression) ou l’exposition. Il s’y développe une végétation rase de pelouse, marquée par la présence du Saule herbacé, du Gnaphale couché et de la Laîche des Pyrénées notamment. Dans le cadre du programme scientifique FLORAPYR, plusieurs combes à neige font l’objet d’un suivi scientifique pour comprendre les effets du changement climatique sur les végétations d’altitude.
Chiffres clés
Le pic Palas (2 974 m) dans les Pyrénées est le plus haut sommet de la région.
Le mont Bessou (976 m) est le point culminant de la Montagne limousine.
Le Parc national des Pyrénées compte plus de 2 500 plantes vasculaires, soit plus de 40% de la diversité végétale de France métropolitaine, sur à peine 0,5 % du territoire (PN des Pyrénées).
56.772 rapaces dénombrés au col d’Organbidexka (Pyrénées) entre le 17 juillet et le 9 novembre 2019 (LPO Aquitaine). Les cols pyrénéens sont des hauts-lieux d’observation des oiseaux en migration.
+0,2 à 0,3°C par décennie entre 1950 et 2013 dans les Pyrénées-Atlantiques (Acclimaterra 2018)