Besoin d'un conseil

Milieux souterrains

Les milieux souterrains ont des caractéristiques spécifiques qui les différencient de la plupart des milieux terrestres de surface : obscurité totale ou partielle, pauvreté en nutriments, conditions stables de température et d’humidité. Très peu connus, ces milieux sont impactés par les pollutions chimiques, en particulier d’origine agricole, le changement climatique et le dérangement, par exemple des chauves-souris en hibernation.

Où en Nouvelle-Aquitaine ?

Les cavités et galeries souterraines peuvent être d’origine minière ou non. En l’état actuel des connaissances, seules les cavités souterraines abandonnées d’origine non minière ont été recensées par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières au niveau national. En Nouvelle-Aquitaine, on recense environ :

  • 10.619 cavités d’origine naturelle, dont les plus fortes densités se situent en Dordogne (0,83 cavités/km²), et dans une moindre mesure en Charente, Vienne et Pyrénées-Atlantiques (0,07 – 0,08 cavités/km²)
  • 9.450 cavités creusées par l’homme (caves, carrières, ouvrages militaires, ouvrages civils), dont les plus fortes densités se situent en Vienne (0,50 cavités/km²), puis en Dordogne (0,14 cavités/km²) et Gironde (0,12 cavités/km²)
  • 587 cavités d’origine indéterminée.

Habitats et espèces

La biodiversité associée aux milieux souterrains comprend trois grandes catégories d’espèces :

  • les trogloxènes, qui utilisent les milieux souterrains de manière temporaire ou accidentelle, généralement non loin de la zone d’entrée (Blaireau, Renard, serpents, rongeurs, cloportes…)
  • les troglophiles, qui accomplissent certaines parties de leur cycle biologique sous terre (certaines chauves-souris, certains papillons, amphibiens, araignées, millepattes, opilions…)
  • les troglobies, strictement inféodés aux milieux souterrains et qui y passent l’intégralité de leur vie. Cette dernière catégorie d’espèces présente des adaptations spécifiques à la vie complète en milieu souterrain : dépigmentation de la peau et des autres tissus externes, absence d’yeux compensée dans certains cas par un surdéveloppement d’autres organes sensoriels, croissance lente, faible taux de reproduction, cycle vital très long par rapport aux espèces vivant en milieu aérien.
  • Pour les espèces aquatiques des milieux souterrains (nappes phréatiques, rivières souterraines…), on parle respectivement de stygoxènes, stygophiles et stygobies, des noms qui renvoient au Styx, le fleuve qui traverse les enfers dans la mythologie grecque.

Au cours de leur histoire évolutive, les espèces ayant adopté un mode de vie souterrain ont dû s’adapter à des conditions physiques et biologiques particulières, renforcées par des échanges génétiques limités entre les différents sites souterrains. Ces traits de vie confèrent à ces espèces une hyperspécialisation à leur milieu, ainsi qu’une grande vulnérabilité face aux changements environnementaux.

La faune régionale des milieux souterrains est dominée par les invertébrés. Les communautés d’invertébrés terrestres souterrains sont caractérisées par une abondance relative des coléoptères et des diplopodes (mille-pattes). Les communautés d’invertébrés aquatiques sont quant à elles caractérisées par l’omniprésence des crustacés et des mollusques. A ces groupes majoritaires s’ajoutent des vers, des arachnides, des plantes (mousses, fougères), des champignons et des microorganismes (bactéries).

La faune souterraine présente un caractère souvent relictuel, patrimonial, marqué par un niveau élevé d’endémicité. En Nouvelle-Aquitaine, on recense plusieurs espèces endémiques locales comme les coléoptères Aphaenops spp., connus seulement dans les milieux souterrains terrestres des Pyrénées-Atlantiques, et la Gallaselle (Gallasellus heilyi), un crustacé vivant dans les milieux aquatiques souterrains en Deux-Sèvres, Vienne, Charente, Charente-Maritime, Dordogne et Vendée (Poitou-Charentes Nature, 2016). Comme les milieux souterrains figurent parmi les milieux les moins connus de la région, il est probable que ces espèces réservent encore des surprises et que d’autres espèces restent à découvrir. Ainsi, la Moitessierie de Rébénacq (Moitessieria nezi), découverte dans le dépôt de crue d’une petite résurgence des Pyrénées-Atlantiques, n’est connue que par quelques coquilles. Son anatomie, nécessitant des animaux vivants, reste à décrire.

 


Connaissez-vous la biospéléologie? Ce champ de recherche se consacre à l’étude des espèces dites cavernicoles, vivant dans les cavités souterraines. Le Comité Départemental de Spéléologie des Deux-Sèvres mène des actions de biospéléologie dans le cadre d’un projet financé par l’Agence de l’eau Adour-Garonne. Il réalise des inventaires de la faune et de la flore dans les trois rivières souterraines principales des Deux-Sèvres: Saint-Christophe-sur-Roc, Champdeniers et Bataillé.


 

Carte Milieux souterrains Nouvelle Aquitaine